L'avenir du miel marocain

1-L’abeille

 

   a) biologie

b) Ecologie

pour le bien-être de l'ensemble de la colonie. La perfection et le développement ordonné d'une communauté d'abeilles est un sujet d'étude fascinant. Les divers travaux sont effectués par des groupes d'âge différents. Les adultes les plus jeunes commencent généralement leur vie comme nettoyeurs et polisseurs de cellules. Les ouvrières plus âgées construisent les alvéoles, nourrissent les centaines de jeunes abeilles, prennent soin de la reine, réchauffent ou refroidissent la ruche, en gardent l'entrée, évacuent les morts et, finalement, rapportent le nectar et le pollen à la ruche. Au centre de cette activité se trouve la reine, productrice de phéromones, qui déterminent une grande partie de la vie de la colonie.

Les abeilles rapportent à la ruche le nectar prélevé sur les fleurs. Elles reviennent avec un plein sac à miel (une cavité de l'oesophage), qu'elles vident de son contenu dans la bouche d'une jeune ouvrière, appelée abeille nourricière. Cette dernière dépose le nectar dans une alvéole et effectue les opérations nécessaires à sa conversion en miel. Lorsque le miel est bien épais, l'alvéole est scellée par un couvercle de cire imperméable à l'air. Jeunes et vieilles ouvrières participent ainsi à la constitution des provisions de miel pour l'hiver.

Le pollen est rapporté à la ruche sur les pattes postérieures des ouvrières et placé directement dans les alvéoles. Le choix des fleurs butinées n'est pas fait au hasard. II est, au contraire, très sélectif. Cette sélectivité de l'abeille explique son rôle prépondérant dans la reproduction des végétaux (si les ouvrières passaient d'une espèce à l'autre, la pollinisation ne serait pas aussi efficace).

 

 

2- L'abeille marocaine menacée

a) Climat

De nombreuses recherches sont consacrées aux modifications de notre environnement. Plusieurs systèmes sont proposés pour évaluer et suivre ces modifications et des tests d"écotoxicité" demandés par les administrations internationales et régionales.

         Dans quel cadre entendons nous un concept tel que celui d'animal sentinelle et plus largement, le contrôle des modifications de l'Environnement ?

         Il s'agit d'abord des modifications provoquées par l'activité humaine et notamment par les produits chimiques qui diffusent dans tous les milieux de la planète et qui font l'objet de la très grande majorité des travaux sur les modifications de l'environnement. Ces produits deviennent des "polluants" quand ils provoquent des modifications défavorables du milieu naturel.

 b) Pesticides (herbicides, fongicide, insecticides... .)

         L'animal (ou le végétal ou la bactérie) sentinelle nous alerte sur des modifications qu'il subit et qui sont soit négatives ( disparition, signes d'intoxications, génotoxicité...) soit des adaptations (augmentation de la capacité de détoxification, diminution du nombre de sites cibles ...) qui le concernent et "sous l'effet d'une exposition à la pollution environnementale".

         Pour savoir quels enseignements nous pouvons tirer des informations fournies par les systèmes (animaux) sentinelles, il est peut être important de savoir ce que l'on entend par "modifications défavorables".

         A notre connaissance, chaque fois que des études ont été menées pour essayer de mettre en évidence des modifications d'êtres vivants sous l'effet de produits chimiques de synthèse ou d'éléments artificiels, on y est arrivé. La disparition d'une espèce est certainement défavorable pour cette espèce et risque de provoquer un réajustement des équilibres dans l'écosystème considéré. Mais au-delà?

 c) Statistique sur l'état des abeilles.

         Nous savons intuitivement  que la Terre a des capacités d'adaptation infinie. On peut se risquer à déduire que les conséquences défavorables sont en fait, les modifications qui conduiraient à un environnement défavorable à l'espèce humaine et à terme à sa disparition, si les changements s'opèrent plus vite que les capacités d'adaptation de cette espèce.

         Nous faisons donc tous un pari : le pari que l'évaluation des modifications de différents systèmes (moléculaires, physiologiques, végétaux, animaux etc.. etc...) sous l'effet de différents polluants, seuls ou combinés, vont nous permettre d'évaluer et de contrôler les risques pour notre espèce, induits par nos activités.

         Aucun des nombreux outils utilisés pour le contrôle de l'environnement regroupés sous le vocable général de "marqueurs biologiques de pollution" et qui vont des marqueurs moléculaires (adduits d'ADN par exemple) à l'évaluation des modifications de biocénoses n'apparaît comme suffisant pour qualifier les modifications de l'environnement (Colloque ANPP, Chinon 1995) et susceptible de conduire à une limitation, jugée pertinente, de l'émission de tel ou tel polluant. Et ce n'est qu'une convergence de résultats,  y compris  une "catastrophe" humaine ou écologique, qui conduit à modifier un usage.

 

3-Initiatives pour préserver l'espèce marocaine

 

De nombreuses recherches sont consacrées aux modifications de notre environnement. Plusieurs systèmes sont proposés pour évaluer et suivre ces modifications qui font l'objet d'une attention de plus en plus vive de la part d'associations de citoyens et d'administrations internationales et régionales. Parmi les moyens proposés, figurent en bonne place l'utilisation de systèmes «sentinelles», qui sont modifiés sous l'effet d'une exposition à la pollution environnementale.

         L'Abeille peut être considérée comme un animal sentinelle. Présente en tous lieux, toute l'année, elle récolte à chaque floraison, pollen, nectar, miellats, exposés aux pollutions de l'environnement. Lors d'une enquête menée en 1987 par le CNEVA Sophia Antipolis, dans 10 départements français, il a été possible de distinguer différentes zones par les taux  de produits agropharmaceutiques retrouvés sur les pollens et les abeilles. Ces taux sont régulièrement plus élevés dans les zones de culture intensive et, chez l'abeille, se distinguent des taux retrouvés lors d'intoxications.

         L'Abeille réagit aux pollutions de l'environnement par des modifications biochimiques et des modifications de comportement dans la colonie, qui peuvent aller jusqu'aux symptômes de l'intoxication aigüe. Ces modifications peuvent être observées et quantifiées.

         L'utilisation d'un Reseau Sentinelle Abeille devrait permettre de suivre l'évolution de la pollution, notamment par les pesticides, et parallèlement, d'évaluer l'impact des différentes pratiques d'épandage phytosanitaires sur l'intégrité de l'abeille, insecte pollinisateur par excellence dont la préservation garantit la perénnité d'un grand nombre d'espèces végétales sauvages et une bonne productivité de la plupart des espèces cultivées

Pourquoi il est urgent d'agir ?

    En seulement quelques années, certains pesticides d'une extrême toxicité, mis sur le marché dans la plus totale illégalité et/ou mal évalués, ont décimé des milliards d'abeilles !

Ce désastreux scandale, dénoncé par les apiculteurs français depuis maintenant dix ans et qui perdure, a valu à l'insecte multi-millénaire qu'est l'abeille sa place au coeur de l'actualité.

Les procédures judiciaires auxquelles ont dû recourir les apiculteurs, face à la totale inertie des pouvoirs publics, ont permis de mettre au jour de très graves dysfonctionnements dans les rouages de l'administration et l'homologation de ces produits dits « phytosanitaires », de plus en plus dangereux, trop souvent mortels pour l'entomofaune pollinisatrice, infiniment préjudiciables à l'environnement, et de plus en plus fortement suspectés aussi pour la santé publique.

 Chimistes, biologistes, toxicologues, spécialistes de l'abeille ont partagé leurs observations et analyses, et leurs conclusions sont cinglantes : quelques dizaines de grammes à l'hectare des insecticides « systémiques » mis en cause dans le désastre des abeilles sont suffisants pour traverser les plantes et rendre toxiques pour les insectes les parties des plantes qu'ils visitent, les tuant par contact et ingestion.

Micro-quantité et efficacité sans faille, c'est donc bien la toxicité relative de ces nouvelles générations d'insecticides qui a terriblement augmenté. Cette réduction des doses à l'hectare, telle qu'une quantité infinitésimale de molécules suffit à tuer un insecte, nuisible ou pas, sans distinction, que les fabricants s'acharnent justement à exploiter comme argument imparable en faveur de l'environnement !

 Considérant cette hyper-toxicité, cependant, à laquelle s'ajoutent persistance dans les sols et rémanence dans les cultures suivantes, comment peut-on décemment oser parler d'agriculture « raisonnée » ?... Si l'utilisation des insecticides en cause est aujourd'hui provisoirement suspendue en France sur les cultures de tournesol et de maïs, dans l'attente de la décision de la Commission européenne quant à l'autorisation éventuelle des substances actives qu'ils mettent en oeuvre, elle reste cependant étonnamment toujours autorisée pour les céréales...
Et dans le pipeline de l'agrochimie « nanotechnologique », pas moins de 12 autres molécules insecticides aux propriétés systémiques similaires se bousculent, à l'assaut d'un marché juteux.

L'abeille est donc indispensable tant à l'équilibre et au fonctionnement des écosystèmes qu'à l'agriculture, puisqu'elle conditionne en majeure partie à la fois la vie des plantes à fleurs, leur qualité et leur quantité.

L'abeille s'avère également un indicateur biologique exceptionnel, une véritable sentinelle de la qualité de notre environnement. C'est un ingénieur écologique et agronomique irremplaçable.

Il est intolérable que l'homme, par le seul choix de l'orientation de notre agriculture, soit aujourd'hui devenu son prédateur numéro un, et inacceptable que les lobbies se permettent d'anéantir cet insecte multi-millénaire pour leurs seuls profits, au détriment de la qualité de notre environnement, voire de la santé publique.

 




 

 

                                                                                                                                       ©All rights reserved

 

                                                                                                                                             hanokt² edition®